Traversée refuges Olan - Souffles

Ecrins - Champsaur - Valgaudemar - Champoléon - Valjouffrey

A pied

3 jours

1760 m

1720 m

Moyen

4h30

2695 m

Nombre de col
2
Durée de l'étape la plus longue
04:30:00

Un tour qui vous ménera de la Chapelle en Valgaudemar à Villard Loubière en passant par la montagne aux alpinistes jusqu'au Mélézin de la verte vallée.

REFUGE DE L'OLAN

Il est temps de trouver un point d’eau afin de se rincer, fontaine et lavabo extérieur sont là pour ça. On peut ensuite se restaurer, ici la spécialité c’est l’omelette aux morilles. La carte et les possibilités sont nombreuses, pour tous les goûts et toutes les bourses. Sportifs, végétariens, gourmets et petits goinfres, tout le monde peut être satisfait.

Deux mille trois cent quarante cinq mètres ! Il y a des cols où la route passe plus haut que cela. Pas besoin d’aller en Himalaya. Et pourtant, on se sent quand même bien au-dessus  du tourbillon de la civilisation. D’ailleurs la morsure de la fraîcheur vient rappeler l’altitude et la proximité des glaciers. Tant que le soleil est là, tout va bien, mais il suffit qu’il se voile légèrement pour que la veste soit indispensable. A quelques minutes d’intervalle on peut s’asperger avec plaisir à la fontaine, faire terrasse sous un parasol  en sirotant un rafraîchissement et se précipiter à l’intérieur pour se mettre à l’abri d’un désagréable courant d’air.

Ce refuge est un grand refuge. Bien sûr, ce n’est pas le plus grand, mais il a été construit à « la belle époque » celle où l’on sur dimensionnait les équipements. Ainsi, fort de ses 54 places, il est spacieux, fonctionnel, rarement complet, on peut généralement y prendre ses aises. Au-delà du vaste hall d’entrée, de part et d’autres se trouvent les dortoirs. Les toilettes et la douche « solaire » sont à l’extérieur.  A l’étage (il faut encore monter une volée de marches) se trouvent, la salle commune, la cuisine et une salle d’eau. L’équipe de gardiens vous reçoit par quelques mots de bienvenue, en général et selon la conjonction des astres, le thé à la menthe vous est offert ! On vous inscrit, notant votre destination du lendemain et votre commande pour vos consommations. Le gardien vous attribue une place de couchage dans un des dortoirs en fonction de votre destination du lendemain et de votre heure de lever. Dans la mesure du possible, les alpinistes se levant très tôt, ne dorment pas dans le même dortoir que ceux qui aspirent à un lever plus tardif.

Il fait souvent frais à l’intérieur, c’est du à la construction «un peu enterrée » afin que les avalanches hivernales puissent passer au-dessus du refuge sans lui occasionner de dégâts. Ce refuge est le troisième construit sur ce site. Le premier fut emporté par une avalanche deux ans après sa construction, en 1958. Le second, construit en 66 s’était révélé très vite trop petit, il est utilisé comme refuge d’hiver. C’est une retraite fort agréable pour les belles journées d’automne en dehors des périodes de gardiennage. De la terrasse la vue plonge vers la vallée. Le village de la Chapelle en Valgaudemar est là, rassemblé, blotti contre les premières pentes de la vallée de Navette. Les premiers habitants ont su trouver le meilleur compromis pour préserver les terres agricoles, se protéger des coulées d’avalanche et néanmoins bénéficier du plus grand ensoleillement. Les temps ont changé, on voit du refuge les nombreuses voitures traverser le village et les machines agricoles tourner dans la prairie.

En face la vallée de Navette s’étire vers les premiers névés où prend sa source le ruisseau puis la rivière qui s’écoule dans les Oulles du Diable. Le massif du Vieux Chaillol domine et barre tout  le cirque quasiment jusqu’aux flammes de Pétarel au-dessus du lac du même nom.

En fin d’après midi, avant que le soleil ne passe, il faut aller faire un tour derrière le refuge. Juste au-dessus se trouve l’emplacement réservé à l’hélicoptère. Ce n’est pas celui du gardien mais celui des secours ou des télécoms. A côté, cette jolie pelouse est souvent le lieu de rendez-vous des marmottes. A partir du 14 juillet, les nouveau-nés font les fous entre les cailloux. Un peu plus loin un chaos de gros blocs leur sert d’abri. Certains de ces blocs permettent de s’entraîner à l’escalade. Parfois, la neige recouvre totalement les rochers, jusqu’au mois de juillet. Au –delà de cette zone chaotique, les graviers transportés par les avalanches et les différents torrents vont butter contre une roche redressée et lisse. Une école d’escalade à été équipée, plusieurs voies d’une longueur permettent aux mordus de rentabiliser leur temps au mieux.  Sur la gauche, on voit très nettement le sentier du Pas de l’Olan qui serpente dans la pelouse uniforme en direction de la grosse brèche qui fait passage entre les deux parois rocheuses. Les points clairs sont sûrement les brebis qui paissent tranquillement, choisissant leur parcours en fonction de la chaleur et de la pousse de l’herbe. La crête qui part sur la droite du Pas de l’Olan conduit le regard vers les trois sommets de l’Olan. Cette face sud qui va des alpages herbeux aux parois rocheuses dominant le glacier, est parcourue par les voies qu’empruntent grimpeurs de haut niveau, alpinistes entraînés ou plus modestes. Bien que cette face soit très impressionnante, il y a des itinéraires qui utilisent les faiblesses de la roche et qui sont « peu difficiles ». La voie normale de l’Olan nécessite une bonne connaissance de la montagne, un bon sens de l’itinéraire, un peu de technique et de matériel, mais c’est une des voies qui permet d’accéder à 3600m sans trop de difficulté. C’est long et vertigineux, c’est de la haute montagne, abordable pour peu que l’on soit un peu en forme et bien accompagné, par un guide de haute montagne par exemple. De toute façon, il faut traverser le glacier et là, il vaut mieux connaître. En laissant dériver son regard vers la droite, il vient distinguer un pilier rouge dans lequel plusieurs voies sont ouvertes. C’est le pilier Nounours, ambiance garantie.

En poursuivant ce tour d’horizon vers la droite, le col des Sellettes se creuse, très doux et attirant. C’est un vaste espace  où se trouve un petit abri entre des dalles arrangées. Parfois les langues de neige et de glace fondante créent un petit lac dans lequel se reflète l’arrête de l’Olan ou celle de la Cime du Vallon. Certains alpinistes passent par-là pour en rejoindre le sommet voisin de la « Cime ». Ce joli sommet enneigé qui attire le regard dès l’entrée de la vallée est le « spot » local. C’est la course de neige cotée « facile » parcourue des premiers dimanches de juin à la fin août pour peu que les conditions le permettent. On voit de très loin parfois les cordées traverser la grande pente sommitale. Le col du Bâton est remarquable : c’est une brèche carrée, bordée par un gendarme penché, quasi-byzantin et un œilleton dans le rocher. L’altitude est voisine de 3000m pourtant il paraît tout près. C’est le point de passage traditionnel avec le vallon voisin où se trouve le refuge de Chalance. Ce col est posé sur l’arrête rocheuse qui revient vers le refuge, fermant le cirque par le sommet de la Rouye qui peut être, lui aussi, rejoint par plusieurs itinéraires. De la terrasse du refuge, avec la longue vue mise à disposition ou une bonne paire de jumelles, on peut suivre la progression des grimpeurs dans le système de dalles et de dièdres rouges. On les entend même parfois s’interpeller. La Rouye mérite bien un regard supplémentaire au coucher du soleil, ses couleurs mises en valeur par la douce lumière du soir chatoient dans la palette des ocres au jaune.

Devant la terrasse protégée par une barrière, le sol plonge. Un maigre gazon, fruit de toutes les attentions, couvre et stabilise l’éboulis. Trois ou quatre nains de jardin échappés des vallées servent de rond point aux marmottes. Dire qu’à certains endroits ils se font kidnapper alors que là ils se reproduisent…incroyable. C’est sur cette terrasse que l’hélicoptère dépose les charges de l’approvisionnement annuel. Les gros filets qui peuvent contenir 700Kg, sont remplis de tout ce qui se garde : gaz, épicerie, matériel, boissons etc. Il faut bien calculer son coup si non c’est l’aller retour et sur le dos ! Vu le prix de revient du transport par hélicoptère, pas question de le faire déplacer souvent.

Vers 19h le soleil descend derrière les montagnes, immédiatement il fait frais. Heureusement, des fenêtres de la cuisine s’échappent  de prometteuses odeurs, de délicieux fumets et des bruits de couverts. Il est temps de se rapprocher de la salle à manger. Mobilier rustique mais chaleureux, la lecture ne manque pas, revues, malle pédagogique, affiches. Chacun trouve son compte en attendant la soupe. Enfin, voilà les couverts, tout le monde trouve la place qui lui est dévolue. Ce moment convivial est aussi l’occasion de rencontrer les autres usagers du lieu, d’échanger les expériences et les projets. Les efforts accomplis pour arriver là, créent une certaine complicité. L’isolement relatif rapproche les humains que les sommets environnants ont rendus humbles, les échanges sont en général riches. Dans un transport en commun aussi, le promeneur d’un jour côtoie l’himalayste mais ils ne le sauront jamais ni l’un ni l’autre. Ici tout est un peu différent, le resserrement du lieu pousse au récit passionné comme à la confidence mesurée. L’alpiniste qui vient de vaincre un passage discute avec le randonneur qui a repoussé ses limites pour arriver là. Ensemble ils partagent le repas et parlent du voyage d’un grand du monde de la montagne, d’un nouveau matériel ou du passage du gypaète barbu de la fin d’après midi.

Petit à petit la salle se vide les convives se dirigent vers les dortoirs afin de  s’installer pour la nuit. Elle sera courte pour certains, ceux qui vont gravir l’Olan se lèvent à trois heures. Puis ceux de la Cîme vers cinq heures. Les chanceux de la Rouye font la grasse matinée jusqu'à six heures. Les randonneurs sont en vacances dans ce monde là. Un départ à huit heures leur suffit largement. En allant aux toilettes, les lumières de la Chapelle dessinent leur point d’interrogation énigmatique. La distance entre le monde d’en bas, celui de la civilisation récemment abandonnée et cet îlot de calme se fait plus forte. Un dernier regard pour les étoiles qui scintillent dans la pureté du ciel d’altitude, loin des traces de pollution. Orion et le taureau viennent de sortir de derrière la Rouye, il est temps d’aller se coucher. Vite, il faut se retrancher sous les couvertures.

Bien sûr, un dortoir même s’il n’est pas bondé n’est pas une chambre particulière. Mais on est là bien loin des ambiances sur-bookées des itinéraires prestigieux qui sont victimes de leur notoriété. A l’Olan on ne dort jamais sur la tranche ou tête bêche. Sur les cinq dernières années,  c’est à dire environ quatre cent jours d’ouverture, le refuge a été complet moins de quinze jours. L’aventure n’est pas là. La vraie découverte,  c’est de se confronter à l’inconnu, de vivre une situation nouvelle  avec une prise de risque stimulante, mesurée et contrôlée.

Le calme et le sommeil vont venir, aidés par la fatigue de la montée. Très vite la maison retrouve le calme. Ses hôtes plongent dans un sommeil réparateur, les rêves remplis d’ascensions extraordinaires, de raids et d’expéditions plus ou moins lointaines. L’heure du lever arrive bien trop vite où il faut s’arracher au douillet cocon.

Dans la cour, la première marmotte est déjà passée, grappillant quelques morceaux de fruits ou un savoureux croûton. L’hermine bondissante cherche une rondelle de saucisson oubliée. Les chocards font aussi un passage acrobatique, jouant des courants d’air pour visiter du regard chaque recoin du talus sélectionnant une juteuse chenille sur les touffes d’orties ou une croûte de fromage. La longue vue est déjà pointée sur la petite harde de chamois venus piller un peu du sel destiné aux brebis. Le cri rauque du grand corbeau retentit, il signale le passage de l’entreprise de nettoyage du côté du tas de compost !

Peut-être est-il temps de s’inquiéter du petit déjeuner. Commandé dés la veille, il doit être prêt à distribuer les forces en vue de la grimpette du « Pas ». Cette perspective incite à dévorer : pain, beurre, confiture, boisson chaude, jus de fruit, céréales. Tout est là.

Repus, les convives acquittent leur facture et bouclent leur sac dans un joyeux tintamarre. Chaussures aux pieds, sac au dos et en route. La première partie est visible en totalité du refuge, elle ne pose pas de problèmes. Une heure de bon sentier. Quelques niverolles égayent l’alpage de leur vol haché. Le rouge queue émet son claquement caractéristique, son nid ne doit pas être loin. Il n’est pas très farouche, il lui arrive de faire son nid dans la volige extérieure du refuge. Une année un couple est même arrivé à construire son nid et à élever ses petits à l’intérieur du refuge d’hiver.

Le sommet de la pente herbeuse s’arrondit, de là, dans l’axe du ravin les parapentistes décollent en direction de la Chapelle. Vol direct mais qui demande savoir-faire et concentration. L’un d’eux disait un jour que si l’on pouvait colorer et visualiser les colonnes d’air et les courants, personne ne volerait...

A quelques mètres de là, un véritable paradis des brebis. Une sorte de plateau cache un vallon minuscule ou coule un petit ruisseau qui court au milieu de la mousse, l’herbe est rase, elle vient lécher les rochers clairsemés. On ne voit rien d’autre que les sommets environnants,  les éboulis, les chaos de rocs, les moraines, les glaciers et les névés. Et au milieu de cet environnement minéral et rude ce petit joyau de verdure et de douceur.

REFUGE DES SOUFFLES

Lors de la montée au Pas, le panorama se modifie, de nouvelles perspectives apparaissent. La vallée se creuse, l’Olan prend de plus en plus de place, la Rouye, se tasse. Par contre, le Couloir du Sorcier dont seule l’amorce se devine du refuge devient imposant. Imaginez un instant que cette pente raide et resserrée entre les rochers, a été skiée !

Ici c’est une histoire de saveurs et d’odeurs. Vous n’oublierez pas au détour du sentier le panache de fumée qui embaume le feu de bois. Parfois l’odeur est relevée par celle de la cuisine ou celle des grillades. Avant d’arriver, on sait déjà que la table sera bonne. Mais le festin a parfois déjà commencé, framboises et myrtilles font le régal des gourmands.

Le défilé des randonneurs sur le GR® commence dès le matin apportant son lot de visites et de découvertes réciproques. Individuels, familles, groupes encadrés, couples, débutants, entraînés, affûtés, sportifs, flâneurs, inquiets, fatigués, ressourcés, contemplatifs, chargés, jeunes, vieux, fluos, knickers etc. cette variété est d’une richesse incroyable.

En contre bas du refuge et de ses multiples terrasses se trouve un des rares endroits plats, matérialisé par des pierres blanches, n’y campez pas. C’est là que se pose l’hélico. Aux environs se trouvent d’autres espaces dégagés, minuscules prairies de fauche d’une époque où les très longs hivers obligeaient à constituer des provisions importantes pour bêtes et gens. Les habitants des villages montaient récolter du fourrage jusqu’ici, en face vers la cabane de la Colombière, dans le vallon de Lautier. La marche n’impressionnait personne, les arbres alentour ont été plantés au début du siècle par les villageois payés par l’Office National des Forêts.

Il y a quelques années, au débouché du petit bois qui conduit à Bonne Draye, le coq de bruyère s’envolait bruyamment d’un buisson de rhododendrons. Se faufile-t-il toujours dans les genévriers rampants et les branches basses des mélèzes ? Le ravin de Bonne Draye fuit pour rejoindre le torrent du Villar. En face, au bord des bosquets de hêtres appelés ici « fayards » ou « faou », dans les clairières ombragées, on peut voir dans les jumelles chamois ou chevreuils.

L’homme de Drayère, est un piton rocheux jailli des arbres qui surveille le sentier sur la gauche. A l’opposé, les lignes d’arbres, dissimulent les ruines de ce qui fut le village des Peines. On devine encore quelques cheminées noircies et dans les espaces que la végétation n’a pas encore envahis, les terres alors cultivées. L’éboulement au bas des cheminées de fées avait emporté l’alimentation en eau du village. Au-dessus, cette formation géologique localement appelée « les Chanalach » est étrange : les plissements de terrain sont verticaux. Quand les matières les plus fragiles ont été érodées, il reste des cheminées verticales plus ou moins larges sur plus de 100m de haut qui vont se terminant en pointe. Impraticable mais étonnant.

Retrouvez d'autres informations sur la faune et la flore ainsi que deux variantes du circuit ici >>> et là >>>

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Orientation :

Téléchargements
Etape A pied
  • Départ : REFUGE DE L'OLAN (FFCAM)
  • Arrivée : REFUGE DES SOUFFLES (FFCAM)
  • Durée : 04h30
  • Dénivelé positif en été : 510 m
  • Dénivelé négatif en été : 885 m
  • Difficulté : Sentier escarpé non équipé
  • Remarques :
    Lors de la montée au Pas, le panorama se modifie, de nouvelles perspectives apparaissent. La vallée se creuse, l'Olan prend de plus en plus de place, la Rouye, se tasse. Par contre, le Couloir du Sorcier dont seule l'amorce se devine du refuge devient imposant. Imaginez un instant que cette pente raide et resserrée entre les rochers, a été skiée !

    Le sentier croise de l'eau qui ruisselle sur le moutonnement de rocher, des cairns signalent le départ des itinéraires qui se dirigent vers l'Olan. Quatre heures environ pour atteindre le sommet à partir de là, mais n'y pensons pas, pour l'instant l'objectif c'est le Pas, dans dix minutes on y sera. Au pied du rocher débute une voie délicatement prénommée « purée de randonneurs ». C'est une voie moderne, l'équipement en place à demeure brille, il indique le cheminement de la voie. Cette voie rejoint le haut du pilier en sept longueurs de corde. Le niveau est 6a dans les parties surplombantes. Régulièrement des grimpeurs viennent se confronter à ces difficultés. Ils redescendent ensuite en rappel au même endroit.

    Le pierrier rouge si impressionnant du refuge, est en fait sillonné par un sentier facile et jonché des débris du premier refuge construit dans les années trente. Victime d'une chute de pierre, il ne fut pas reconstruit au même endroit. Le site retenu fut celui du refuge actuel, abrité des chutes de pierre mais mal protégé des avalanches…Il reste quelques tôles, des boiseries par-ci par-là, des morceaux de poutres et un peu de ferraille. Les amarrages sont encore en place dans le rocher et un peu de peinture indique la direction des toilettes à l'opposé de celui de la source. M. Repiton Pré Neuf ingénieur des Ponts et Chaussées participa à l'inauguration et laissa son nom au sommet sur l'arrête au sud du Pas. Les brebis ont créé un chemin un peu scabreux pour le rejoindre.

    Par beau temps, le Pas de l'Olan (2683m) est un bon endroit pour se restaurer, à cheval sur la crête, le regard porte des deux côtés, vers le fond de la vallée en direction du Sirac et dans l'autre sens, vers le Dévoluy, du pic de Burre jusqu'à l'Obiou. Vers l'ouest, on découvre la suite du parcours. La descente fuit sous nos yeux se faufilant entre les replats. Un peu plus loin, le sentier réapparaît dans une grande courbe à flanc de montagne, elle se brise en quatre lacets pour sortir au col. Le col de Colombes semble à deux pas, à sa droite le pic Turbat, dernier des grands se laisse apprivoiser. Du Pas de l'Olan, on découvre son profil qui laisse imaginer des pentes douces pour y accéder. Par contre on devine la trace qui remontant la moraine conduit à une succession de couloirs. Un itinéraire traditionnel en montagnes russes qui finit par aboutir au col de Turbat d'où l'on redescend vers le refuge de Font-Turbat. Non initiés s'abstenir.

    Dans les parois qui bordent le Pas de l'Olan, on peut quelques fois observer le tichodrome échelette, oiseau grimpeur et coloré, escaladant lestement la roche à la recherche de sa nourriture. Avec un nom comme ça, comment ne pas avoir envie de le voir une fois au moins.

    Le passage du Pas de l'Olan fait changer de monde, on s'échappe d'un secteur de haute montagne avec l'illusion de plonger vers la vallée. Mais il faut payer la douane ! Les premiers mètres sont taillés dans le rocher comme un toboggan qui rejoindrait la terre une dizaine de mètres plus bas. En fait, c'est un chemin assez large, de l'ordre du mètre et somme toute facile qui permet le passage, de plus il regorge de prises. Le troupeau transhumant n'hésite pas à changer de vallon par-là. Une large vire ascendante comme disent les alpinistes. Pour celle-ci ils rajouteraient : facile ! A deux pas de là, le ruissellement sur la roche servait d'approvisionnement en eau pour le refuge.

    Une plaque commémore Léon Zwingelstein chemineau de la montagne qui parcourut les alpes skis aux pieds. « Chevalier errant », « clochard céleste », il fut foudroyé en descendant du pic de l'Olan en 1934.

    Au bord du chemin, pousse la linaire, jolie petite fleur bleue au cœur orange. C'est une petite maligne qui a très bien su s'adapter à ce milieu difficile. Si l'on a l'impression de naviguer dans un monde totalement minéral où rien ne pousse, on aura la surprise de voir le troupeau paître dans les cailloux, chaque brebis parvenant à couper d'un air gourmand de minces tiges, de minuscules plantes qui sont autant de véritables friandises. Bien meilleur qu'une grasse prairie vous diront-elles.

    Au bas de la descente, la signalétique du Parc National des Ecrins indique la direction à prendre. Le sentier traverse plusieurs torrents qui malmènent parfois ce sentier si bien entretenu par le Parc ! Si l'on continue à descendre, on rejoint celui qui va vers la Chapelle en Valgaudemar à la cabane du Clot, puis on retrouve les panneaux de la mi-chemin situés entre les deux passerelles avant de se laisser couler dans la vallée en terminant la boucle. Ce parcours est idéal pour ceux qui n'auraient que deux jours à consacrer à la montagne.

    Sur le chemin qui suit à peu près la courbe de niveau, on trouve des morceaux métalliques. Ce sont des débris d'avion. Une quinzaine d'années auparavant deux jaguars de l'armée percutèrent la paroi de l'autre côté du col de Turbat. Une partie des débris retombèrent sur ce versant. Les avalanches entraînent vers le bas de nouveaux morceaux chaque année.

    Dans le milieu de la traversée, à peu près dans l'axe du vallon débute l'itinéraire qui conduit vers le col de Turbat à travers moraines, éboulis et pelouse. La fin est un peu plus raide, il faut mettre les mains sur le rocher et bien choisir son cheminement.

    Petit à petit de gros blocs de granit occupent la pelouse, au-dessus, des tours et des lames de la même matière montent à l'assaut du pic de Turbat. Si un refuge avait été construit ici, il y aurait sûrement des voies d'escalade ouvertes. Le sentier est de plus en plus à flanc, quelques mètres plus loin il est même taillé dans le rocher, un mur a été maçonné pour sécuriser le passage. On est maintenant tout proche du col de Colombes qui se découpe sur le ciel. La texture de la roche s'est modifiée, on retrouve le gneiss-roche métamorphique-foncé et de grandes veines blanches. Le sentier qui vient directement de La Chapelle arrive de la gauche. Encore quelques pas et le panorama s'ouvre. La vallée se déroule et s'élargit, fini les hautes cimes et les vertigineuses parois. Le relief s'adoucit un peu. Par contre, si l'on se retourne, la vue vient buter sur l'imposante face nord de l'Olan, une des plus grandes faces des Alpes. La perspective des sommets qui dominent le refuge de l'Olan est très belle.

    De ce col, il est possible de grimper vers le Pic de Turbat. Le cheminement est assez évident. C'est la haute montagne facile d'accès mais haute montagne quand même.

    Le sentier descend légèrement vers des petites terrasses au-dessus du lac de Lautier. Mis à part les années de cannicule, rares sont les courageux à se baigner. Une gardienne des Souffles y venait parfois jouer la sirène, quelques randonneurs y cherchent la fraicheur mais il vaut mieux avoir des pingouins manchots dans sa famille ! Les truites y vivent sans problème et la pêche est ouverte certaines années. En contre bas de ce lac, il en existe plusieurs autres dont certains ne sont guère plus que des flaques. Dans l'un de ceux-ci, vit une colonie de tritons. Ce petit animal aquatique vient du fond des âges, une espèce de dinosaure en quelque-sorte. Il arrive que parmi les plantes aquatiques ondule une couleuvre.

    En arrivant au bord du cirque qui abrite le lac, on a une vue plongeante sur le vallon de Lautier dans l'axe de la vallée. Il y a longtemps, bien longtemps, quand l'avalanche descendait dans ce vallon, son souffle faisait claquer les portes au village des Peines. Ce village situé sur le versant opposé est abandonné depuis de nombreuses années. Une heure de marche de Villar-Loubière, c'était trop de difficulté et d'isolement.

    Sur la droite, du plus prés au plus loin en laissant filer le regard vers l'ouest, les contre-forts de Turbat viennent s'appuyer sur le Mont Gardi où pas grand monde ne va. Ne parlons pas de la brèche de Chamousset totalement ignorée. Le col de la Sée voit surtout des chamois et quelques fleurs de génépi. Vient ensuite la masse ruiniforme de la cime d'Orgière. Son nom aurait pour origine une trouvaille qui fit la fortune… des raconteurs d'histoires. Malgré cet aspect enchevêtré et tourmenté, il existe une voie décrite pour accéder au sommet.. Un peu dissimulé par le premier plan, se trouve le pic des Souffles, son pilier, ses trois bancs. Bien que la marche d'approche soit longue, il y a toujours quelques amateurs pour cette escalade. M. Vincent dit « Marmott », un des premiers guide de la vallée aimait bien ce sommet. La masse rouge coupée d'un grand couloir s'appelle les Mourres Rouges, son arrête s'allonge vers le col de la Vaurze qu'emprunte le GR®54 entre Villar-Loubière et le Désert en Valjoufrey. On remarque le tracé dans le vert qui y conduit. Le sommet schisteux qui le domine s'appelle le pic des Scies de Ste Anne. Ses pentes conduisent au plateau incliné de la Barrière. C'est de là que dévale l'avalanche qui a nécessité la construction du tunnel en fond de vallée. Avant cette construction, des masses énormes de neige coupaient la route et isolaient les villages au-delà. Alors ceux qui le souhaitaient se trouvaient employés au déblaiement. Parfois, dès le travail terminé, « la Barrière » redescendait et il fallait recommencer, à tel point que cette avalanche était surnommée « l'industrie ».

    Quelques lacets serrés permettent de passer le seuil et de se retrouver dans la combe. Les ruisseaux s'écoulent vers le replat et disparaissent dans la forêt de mélèzes qui semble grignoter l'alpage. La crête arrondie dissimule le refuge des Souffles à nos yeux. La remontée de quelques mètres aura raison du col des clochettes qui livre l'accès au vallon de la Muande. Déjà on peut voir le bouquet d'arbres qui abrite le refuge au centre d'un réseau de petits chemins. L'un descend du col des clochettes, un autre quitte le refuge vers la vallée, un d'eux s'enfonce dans la forêt pour rejoindre en balcon le vallon de Lautier, un autre à l'opposé rejoint les toilettes puis l'espace prisé par les campeurs, enfin le sentier du GR®54 s'échappe en direction du col de la Vaurze. Celui-la passe à proximité de la baume St Estève, abri sous roche équipé d'un bat-flanc qui préfigura sans doute le refuge actuel.

    La pente est recouverte de plants de myrtille qui semblent avaler les amas de rochers. Les mélèzes rabougris laissent la place à des arbres plus hauts qui adoucissent le paysage de leur vert tendre. Le refuge des Souffles se dévoile, blotti contre la butte, environné d'arbres et entouré de terrasses accueillantes. Les gardiens successifs ont chacun à leur manière gagné de la place à l'extérieur pour pallier l'exiguïté du bâtiment. Ce bijou en pierres apparentes, a été construit avant le boum de la randonnée, ses dix huit places d'origine se sont avérées bien insuffisantes. Plusieurs rafistolages ont permis de tenir jusque là. Des travaux d'agrandissement sont programmés pour les prochaines années. Il faut espérer que le cachet de ce joli refuge sera préservé et qu'il sera encore possible de lui donner la cime d'Orgière comme toile de fond.

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